Plus vous vous approchez du sommet hiérarchique d’une organisation, plus la concurrence est forte. Évoluer vers des postes à fortes responsabilités et y rester n’est pas qu’une question de compétences, de chance ou de leadership. Vous serez confrontés à des jeux de pouvoir qui sont tout aussi importants et avec lesquels vous devrez composer sans pour autant avoir appris à le faire. Savoir les appréhender n’est pas une option tant les jeux de pouvoir peuvent être déterminants pour votre carrière. Hélas, cette dynamique d’influence n’est pas toujours facile à décrypter et à appréhender ! Dans cet article, je partage avec vous les croyances à déconstruire sur ce sujet, les clés pour repérer les situations les plus fréquemment rencontrées ainsi que des cas concrets pour mieux comprendre ce qui se joue.
Non, le pouvoir n’est pas un gros mot
Jouer des jeux de pouvoir : entre rejet et scepticisme
Le pouvoir est un thème qui peut susciter une forme de rejet, de scepticisme, de résistance et même une forme de désaccord. Notre famille, notre éducation et même nos écoles ont parfois pu inculquer cet aspect négatif. Les entreprises elles-mêmes peuvent avoir des discours ambigus vis-à-vis du pouvoir. Elles veulent des leaders exemplaires, humains, authentiques … et pour autant, elles récompensent et font progresser des leaders qui n’ont pas toujours tous les atouts mais qui par contre, savent jouer avec. Bref, le pouvoir n’a pas la côte de prime abord.
Les effets positifs du pouvoir
Pourtant, maîtriser l’art du pouvoir peut donner un coup d’accélérateur positif à votre carrière et ses bénéfices sont nombreux. Voici quelques-uns d’entre eux :
- Être plus performant : vous pouvez faire passer plus d’idées, montrer plus d’assurance, mieux défendre vos projets et vos équipes ;
- Avoir plus de liberté ;
- Être plus écouté ;
- Être plus habile dans les techniques de gestion de l’impression ;
- Améliorer votre relation superviseur supervisé, vous attirer les bonnes grâces de vos supérieurs, augmenter vos perspectives de carrière
- Réduire les effets négatifs des facteurs de stress sur le lieu de travail
- Vous sentir plus fort, plus solide, à votre place et donc plus heureux ;
A l’inverse, ne pas savoir l’appréhender, le remarquer ou l’utiliser peut jouer de mauvais tours.
Ce sont hélas souvent des jeux de pouvoirs mal appréhendés qui font que certains se font sortir de l’entreprise sans l’avoir vu venir.
Et oui, le pouvoir peut être utilisé à des fins nobles
N’oublions pas que changer des vies, changer des organisations ou changer le monde nécessite inévitablement du pouvoir et de l’influence !
Bien sûr, nous avons tous en tête des contres exemples, des personnes que l’on connait qui en abusent et peut être que vous vous dites à leur égard que « jamais vous ne ferez ça », « que ça n’est pas vous », « que vous avez des valeurs, que s’il faut faire ça pour réussir, jamais ! » C’est compréhensible, c’est louable mais c’est aussi beaucoup plus honorable ou confortable à dire ou à avouer pour beaucoup d’entre nous…
Ne pensez-vous pas, honnêtement, qu’il permet de faire plus de choses dans son poste ? qu’en avoir, permet de mieux faire passer ses idées ? de mieux défendre ses projets ? nos équipes ? d’être plus suivi ? de prendre plus de décisions ? d’avoir plus d’impact ? de faire plus de choses et librement ? La réponse est bien évidemment que « oui ». En réalité, personne ne veut vraiment avoir « moins » de pouvoir et nous le cherchons tous un petit peu.
Autant apprendre à l’utiliser à certains moments clés ; et en l’associant à des finalités que nous jugeons nobles, utiles, bonnes ou nécessaires.
C’est possible. Et à noter qu’en plus, il est partout…
Les jeux de pouvoir concernent toutes les entreprises
Les jeux de pouvoir existent en effet dans tous les types d’entreprises ou tailles d’entreprise. Il se structure et s’exprime juste de manière différente. Quelques exemples extrêmes : dans certaines entreprises familiales par exemple, on parle parfois de “cour royale” autour du fondateur tout puissant. Dans les grands groupes, on peut trouver des “fiefs” dirigés par des membres du Comex avec des territoires à respecter ou encore dans certaines start-ups, peu ou pas encore structurées, certains parlent de jungle, de “cour de récréation” … Ces exemples sont un peu caricaturaux bien sûr, mais la réalité n’est pas toujours très loin.
Bien entendu, il est tout à fait acceptable de ne pas vouloir emprunter le chemin du pouvoir. Mais cela peut coûter cher. Par exemple, nous accompagnons beaucoup de clients en Outplacement, d’excellents profils, avec des performances nettes et qui ont été évincés de leur entreprise faute d’avoir vu venir ou su se mouvoir dans les jeux de pouvoirs de leur entreprise. D’autres atteignent aussi leur plafond de verre juste par refus de rentrer dans les jeux de pouvoir.
Le pouvoir est à prendre comme un outil
Il est à prendre comme un outil. Il peut être utilisé à de grandes choses comme à de sombres desseins ou à tout ce qui se trouve entre les deux. L’idée est, je crois, de ne pas confondre nos réactions face au pouvoir, avec nos réactions face à la manière dont il est parfois employé ; surtout c’est contre nous ou que ça a été contre nous.
Plutôt que de l’éviter ou de s’en indigner, il peut être utile de chercher à le maîtriser ; et d’autant plus que l’on peut décider à quelles fins l’utiliser et avec quels moyens.
Ce qui fait d’ailleurs la différence entre les « leaders » qui réussissent et les autres, c’est justement leur capacité, dans les moments clés, à prendre le pouvoir de façon intentionnelle.
Cela passe notamment par le fait d‘être capable d’appuyer sur le bouton « pause » de temps en temps, de savoir « lever la tête » pour prendre de la hauteur, d’être capable de ne pas se laisser dicter par ses émotions, ses pensées, de toujours garder en ligne de mire sa finalité ou le sens que l’on donne aux choses, qu’il faut intégrer que tout est signal et que tout crée des perceptions et enfin, qu’il faut rester en forme pour savoir agir, réagir, rester en alerte, voir venir les autres, comprendre ce qu’il se joue, pousser des sujets, dire non, défendre son territoire et taper le point sur la table parfois… Cela exige un leadership de soi fort ; hélas trop souvent négligé.
Retenez donc ces 5 idées essentielles :
- Accepter que le pouvoir est partout ;
- En connaître les règles ;
- Bien se connaître pour avoir le recul nécessaire ;
- Rester aux commandes ;
- L’utiliser quand c’est opportun.
Et surtout, attention aux excès de pouvoir ! Ne vous laissez pas non plus trop éblouir par ses effets impressionnants sur votre carrière. Gardez en tête la juste mesure pour ne pas être pris à votre propre jeu. Le pouvoir ne doit pas être une motivation en soi. Il est à prendre comme un outil parmi d’autres. C’est d’ailleurs dans ce sens que nous vous y formons lorsque nous vous accompagnons.
Avec plaisir pour en discuter davantage avec vous si c’est un axe de développement qui vous intéresse. Cet aspect est inclus dans nos accompagnements Leadership, Mobilité interne, Prise de poste et bien entendu en Outplacement lorsqu’il s’agit de comprendre ce qui a pu se passer. Il est en effet souvent question d’un jeu de pouvoir mal géré, mal anticipé ou non vu.