Lorsque vous êtes en négociation pour un futur poste , vous regardez en priorité la rémunération et les avantages divers … et vous avez raison. En revanche, je constate que vous pouvez négliger le titre final qui vous sera proposé pour le poste (*). Pourtant, ce point est aussi important que les autres. Y prêter attention ne relève pas d’un orgueil mal placé. Le titre est un élément essentiel du contrat de travail et bien plus encore. Je vous explique dans cet article en quoi avoir le bon titre est important. (*) celui-ci est souvent amené à évoluer entre le début du processus de recrutement et votre recrutement effectif. Également, en cas de création de poste, vous découvrez le titre final du poste souvent lors de la réception de votre proposition.
Le titre vous positionne dans l’entreprise
Il vous représente dans l’entreprise et donc vous positionne vis-à-vis de vos collègues, de vos pairs, de votre hiérarchie, de vos équipes mais aussi de votre réseau en interne. Il permet de clarifier votre domaine d’intervention ainsi que votre périmètre. Aussi, lorsqu’il correspond bien à votre mission, il va faciliter votre prise de poste et l’ensemble de vos actions. Vous vous sentirez légitime pour dire, agir, demander, imposer, décider, refuser… La cohérence entre votre titre, vos responsabilités et ce qui est attendu de vous va faciliter votre travail.
Le titre de poste facilite le business et votre employabilité
Le titre est important également vis-à-vis de l’externe que ce soit auprès de vos clients, partenaires ou de tous les publics avec lesquels vous entrerez en relation au nom de votre entreprise. Au regard de ce qui est attendu de vous, il doit vous rendre crédible et légitime auprès d’eux pour faciliter vos échanges business. Il est également clé pour votre employabilité. Le titre est finalement ce que vous notez sur votre carte de visite, sur votre profil Linkedin et sur votre CV.
Avoir un titre précis, cohérent avec vos responsabilités et compréhensible sur le marché, vous permettra typiquement d’être identifié par les chasseurs de tête et d’être sélectionné pour des opportunités. Rappelez-vous que les chasseurs de têtes utilisent des mots clés pour vous trouver sur LinkedIn. Un titre tel que Chargé de mission ou Responsable de Projet ou uniquement Directeur reste trop flou. Par ailleurs, un titre ne peut (dans l’absolu) pas être modifié à votre guise sur votre CV ni sur votre profil LinkedIn. Au-delà d’être un élément essentiel du contrat de travail, le monde est petit, les personnes avec qui vous travaillez dans l’entreprise pourraient être surprises de vos ajustements sur “la toile” et les chasseurs très étonnés lors de leurs prises de référence…
Le titre renforce l’estime de soi
Qu’on le veuille ou non, le titre du poste participe à l’estime de soi et reste perçu comme une forme de reconnaissance de votre valeur. Vous vous sentez davantage reconnu si le titre est à la hauteur de votre poste et de vos responsabilités. Le titre est souvent vu (à juste titre ou pas d’ailleurs) comme une extension de soi. Par ailleurs, il acte votre nouvelle étape de carrière et vous récompense des efforts fournis pour évoluer. Si vous disposez d’un titre que vous considérez juste et adéquat, vous vous sentirez fier et à l’aise dans votre poste et dans vos actions.
Quels sont les risques de ne pas avoir le “juste” titre ?
Il existe de plus en plus de sortes d’emplois, mais aussi de nombreux titres de fonction différents parfois même pour un seul et même travail. Généralement, le titre n’est pas le point n°1 que vous cherchez à revoir ou à discuter à la réception de votre proposition. Vous avez tendance à vous concentrer sur le salaire et les autres avantages. Pourtant si le titre n’est pas clair, bien positionné ou juste par rapport à votre évolution, votre niveau ou vos responsabilités, c’est embêtant :
1. Un titre inapproprié peut impacter votre valeur à la fois au sein de votre entreprise et en dehors auprès de personnes extérieures clés comme les clients. Un titre de fonction est une référence. Il indique ce que vous faites dans votre travail et ce que vous pouvez faire. Sur cette base, une relation professionnelle ou un client peut évaluer si vous êtes le bon interlocuteur. Un titre inférieur à vos responsabilités peut par exemple laisser penser que vous ne serez pas la personne décisionnaire sur tel ou tel sujet. A l’inverse, un titre de fonction trop élevé par rapport à la mission peut envoyer un signal négatif à vos clients ou à votre futur employeur : titre ronflant, doutes sur vos responsabilités réelles.
2. Cela peut nuire à votre employabilité et à vos futures opportunités de carrière, tant au sein de votre entreprise actuelle qu’auprès d’autres employeurs. Vous risquez d’être perçu soit à un niveau inférieur ou supérieur à celui auquel vous êtes réellement. Par exemple, votre profil peut correspondre parfaitement à la recherche d’un recruteur, mais vous ne serez pas repris dans la sélection à cause de la mention “manager” et non « directeur » qui n’indique pas le même niveau de responsabilité. A l’inverse, vous pourriez être trop avancé dans votre carrière pour les recruteurs si vous avez une fonction “sénior” qui est spécifiée.
3. Par ailleurs, il arrive que des personnes soient embauchées au sein d’une entreprise avec une promesse de revalorisation future d’un titre de poste. Malheureusement, ces accords étant purement verbaux, il existe un risque que cela ne se produise pas comme prévu (l’organisation change, le manager part….). Un de mes clients en a fait l’expérience. Il avait accepté précédemment un poste dit “d’entrée.” Celui-ci était équivalent ou légèrement inférieur à ce qu’il faisait avant. L’objectif était de lui donner le temps de mieux connaître le secteur, l’entreprise et d’assurer une longue passation avec son chef qu’il devait remplacer. Hors, il ne s’est pas entendu avec ce chef et après 6 mois, ils ont décidé de mettre fin à leur collaboration. Résultat : sur son CV et sur Linkedin, cette courte expérience traduit une stagnation voire une rétrogradation. Par conséquent, face aux recruteurs aujourd’hui, il se retrouve à devoir expliquer cette situation et à justifier qu’il est bien le bon candidat pour un niveau de poste supérieur.
Comment négocier et définir le bon titre ?
Le moment pour bien définir votre titre avec votre futur employeur est la négociation de votre contrat. Vous le savez : derrière un titre se cache un niveau, un grade, un coefficient, une rémunération et des avantages. Cela fait sens de le valider avant la phase finale de négociation. Assurez vous bien de sa justesse au regard des responsabilités qui vous incombent, de sa clarté en interne et en externe. Vérifiez qu’il montre une certaine évolution par rapport à votre poste précédent ou qu’il stipule bien l’élargissement de votre scope. Les entreprises comprennent très bien cette préoccupation et sont souvent ouvertes à réfléchir avec vous. Elles ont autant intérêt que vous à ce que votre titre soit juste et à ce que vous vous sentiez bien avec ! Après, si votre demande de changement de titre impacte les grilles de rémunérations internes ou autres, elles vous le diront. Mais des discussions sont toujours possibles.
💡A noter quand même, qu’en France, les grilles de titres ne sont pas aussi riches et bien nomenclaturées que dans les pays anglosaxons. Cela rend clairement les choses plus compliquées. Aux USA par exemple, on a Associate, Manager, Director, VP, SVP, Managing Director. On trouve aussi les titres de Head of… en parallèle des niveaux VP et SVP (et qui peuvent parfois permettre de contourner les grilles associées aux postes de niveau VP et SVP) ou encore, on a les titres de CXO (CFO, COO, CHR, CIO…). Bref, d’une entreprise à l’autre, selon sa culture, on peut se retrouver à 30 ans avec un titre de VP ; titre qui serait impossible à cet âge/niveau d’expérience dans une autre entreprise. De même en France, un Directeur Financier d’un groupe du CAC 40 a dans l’absolu beaucoup plus de responsabilités qu’un « Directeur ». C’est un sujet pas simple. Il mérite attention.
Quoiqu’il en soit, si sur votre poste actuel vous avez l’impression de ne pas avoir le bon titre de fonction, vous pouvez agir. Pensez à ce que devrait être votre titre afin de correspondre à vos attributions et à vos attentes. Puis parlez-en à votre responsable. Exposez-lui les raisons pour lesquelles vous pensez juste d’obtenir un titre différent comme par exemple l’historique de vos réalisations, les succès et leur impact sur l’entreprise. Évoquez l’impact éventuel de votre titre sur vos relations avec les clients internes et externes ainsi que les difficultés que cela peut causer. S’il répond qu’un titre différent n’est pas possible dans l’immédiat, établissez ensemble un plan d’action avec des étapes pour y parvenir.
Ne soyez pas gêné d’aborder le sujet
On entend souvent que les titres ne comptent pas, qu’il faut aller au-delà, que leur valeur et leur signification varient d’une entreprise à l’autre, en fonction de sa taille, de son histoire et de sa culture. Dans l’absolu, c’est vrai. Vous entendrez aussi que ce sont les missions assumées, les projets pilotés, que c’est ce que vous avez réellement accompli avec votre équipe qui comptent le plus. Conséquence de quoi, vous pouvez vous retrouver presque gêné d’en parler de peur de paraître égocentrique ou déplacé. Vous ne devriez pas ! Le titre reste un sujet important pour toutes les raisons que nous avons évoquées dans cet article. Autant ne pas le négliger pas.
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