Lorsqu’il s’agit d’évoluer à l’extérieur de votre entreprise et de vous décider à sauter « le pas », malgré votre intérêt confirmé, votre envie de nouveau, vous avez beaucoup d’hésitations, de doutes et d’interrogations. Vous vous questionnez sur votre valeur-marché, votre employabilité, sur l’augmentation de salaire que vous pourriez espérer, sur le fait que cela vaille vraiment le coup pour votre carrière… Des questions que j’ai posé à une Consultante en Recrutement (Elodie Gauchet — HR mobilities). Elle y répond ci-après. Des réponses riches en conseils !
1/ Beaucoup de cadres craignent de ne plus être employables s’ils restent trop longtemps dans leur entreprise. Quel est votre avis sur ce point?
“Cette appréciation dépend beaucoup du métier et du secteur dans lequel évolue le cadre. L’essentiel est de pouvoir démontrer sa capacité d’adaptabilité, d’ouverture et d’intégration à une nouvelle culture d’entreprise, à de nouveaux usages ou de nouveaux processus et règles de gestion financières par exemple. Un cadre doit démontrer cette capacité d’ouverture au changement au travers de son expérience. Notamment dans sa capacité à anticiper et gérer ces changements. Si le cadre a eu l’opportunité de changer de département, de service, de filiale, le fait d’être resté longtemps dans un même groupe ne sera pas perçu de la même façon. Ce qui intéresse également les recruteurs, c’est la capacité de la personne à s’engager, s’investir dans le temps. L’idéal est de composer avec toutes ces variables. Le changement est toujours un point bénéfique et il peut s’envisager de différentes manières”. (A lire aussi sur l’employabilité : Cultivez votre employabilité)
2/ Comment reste t’on employable aujourd’hui et agile sur le marché quoiqu’il arrive ? Si vous aviez 3 choses à nous conseiller, que diriez-vous?
“Anticiper les changements de son poste et être force de proposition dans son entreprise.
Rester en veille sur les évolutions propres à son domaine et échanger régulièrement avec des recruteurs.
S’assurer d’avoir la formation adéquate, quelque soit son niveau de responsabilités (se mettre à jour est essentiel pour rester employable)”.
3/ Beaucoup espèrent un saut de salaire s’ils évoluent en externe. Est-ce que les fameux + 10% dont on entend parler sont une réalité que vous constatez?
“Si le cadre est resté longtemps dans la même entreprise, il se peut qu’il soit en décalage avec le marché. Dans ce cas, oui il pourra entrevoir un gap de salaire qui peut se situer autour des fameux 10 à 20%. Mais ce n’est pas une règle. Envisager le changement uniquement sous cette forme est restrictif. Les entreprises craignent les « chasseurs de primes » et cette attitude peut mettre en défaut une personne”.
4/ Est-il effectivement plus astucieux de chercher à l’extérieur de l’entreprise tout étant en poste? Pourquoi?
“Oui et pour une raison de sécurité d’emploi. Par contre, il faut accepter que cela prenne un certain temps. Le cadre en poste étant par essence moins disponible qu’une personne qui s’y consacre à plein temps. En poste, il est tout à fait possible de solliciter des recruteurs et d’échanger avec eux pour connaitre «sa valeur» sur leur marché de l’emploi. Les cabinets de recrutement sont de très bons intermédiaires pour cela. Les consultants RH sont aussi de très bons conseillers. Par contre, entamer une démarche auprès d’une autre entreprise nécessite bien sûr que le projet soit mûri, réfléchi mais aussi, une certaine disponibilité de temps et d’esprit”.
5/ Lorsqu’un salarié en poste souhaite étudier des pistes externes pour sa prochaine étape de carrière, comment lui recommandez-vous d’approcher les cabinets de recrutement?
“Je lui conseillerai de s’adresser aux cabinets de façon spontanée, en proposant une mise en relation via un réseau social (LinkedIn /Viadeo) afin d’échanger. Solliciter un entretien téléphonique est une bonne manière de pouvoir recueillir de précieux conseils. Il faut veiller cependant à être bien clair sur ce que vous recherchez, l’efficacité du recruteur en dépendra. Pour ceux qui sont vraiment décidés à quitter leur entreprise, ils peuvent envisager d’envoyer directement leur CV. Il n’y a pas normalement de craintes à avoir sur la confidentialité, c’est le propre du métier du « chasseur de tête »”.
Merci Elodie pour ce partage. Et je complète cette interview en disant que oui, on maintient aussi son employabilité en restant dans son entreprise. Les extensions de responsabilités régulières, les promotions visibles peuvent typiquement montrer que dans un environnement donné, après une étape d’apprentissage, l’employeur nous a fait confiance. Changer de métier à l’intérieur de son entreprise, prendre un poste plus opérationnel sont des preuves tangibles que celui-ci investit en nous pour l’avenir. Et qui permettront très probablement de convaincre une autre entreprise de sa valeur…